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Chroniques d'un reporter au coeur du Tour de France
17 juillet 2017

J'aurais tant aimé...

Parcourir les routes du Tour après la caravane mais devant les coureurs, c'est ne jamais garder ses mains dans les poches. Alors qu'on roule sur un ruban de sourires, il y a toujours, tous les vingt mètres, une personne qui agite la main pour saluer. Alors, on repond. On ne s'est jamais vu mais on se connait. Eux, ils sont contents de voir les suiveurs. Et toi, t'es flatté d'être envié. La Grande Boucle est bouclée.

Et ils sont tellement différents. C'est la petite grand-mère assise sa chaise de camping en toile. C'est le groupe de copains légèrement saouls et qui tendent un verre devant la vitre. C'est le monsieur qui exhibe une bedaine rassurante pour ceux qui en ont une moins inquiétante (je me comprend). Et puis, il y a mes préférés. Les gosses. Pour eux, pas question de baisser les yeux une seconde pour regarder son portable. Ils sont tellement contents. Moi aussi. Entre gamins, on se comprend bien. L'espace d'un demi-instant, je vois un sourire et une étincelle dans le regard. Et dans le retroviseur, parfois un sautillement. Evidemment, ils m'auront tous oublié dans dix secondes.

Ils sont envieux des gens qui passent et ils ne savent pas qu'ils ont réussi là où j'ai échoué : je n'ai jamais vu passer le Tour de France avant d'être au milieu.

En 1978, le Tour passait dans les Hautes-Pyrénées. Mes parents, pas exactement branchés vélo, avaient pourtant décidé qu'on irait le voir. Mais ils s'étaient trompés dans les horaires et je n'avais même pas aperçu la voiture balai. Quelques jours plus tard, j'ai appris que Bernard Hinault avait remporté son premier Tour. Depuis, j'ai pris ma revanche sur mon retard : hier, j'ai rappelé Hinault pour un témoignage sur Romain Bardet. Mais, au fond, je sais bien qu'un tutoiement par telephone ne remplace pas un bord de route des Pyrénées.

Mais pour exprimer le plus beau regret, celui qui me saisit à chaque fois que j'agite ma main, il faut s'inspirer du grand Antoine Blondin, l'écrivain du Tour. Comme il l'avait presque dit en arrivant sur son premier Tour : "j'aurais tant aimé me voir passer".

 

Tour-de-France-2014-Stage-014

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