"Elle est pourrie ta question!"

Tout le monde devrait relire Sagan. Pas Françoise, la petite bombe littéraire des années cinquante morte noyée dans le flot de ses addictions diverses. Non Peter.

On a tous connu à l'école un surdoué à la belle gueule, qui avait tous les talents et le savait. Le genre de type un peu voyou mais pas trop et qui plaisait aux filles. Bon, pour résumer, le genre de mec à qui on voulait tous ressembler et dont on souhaite qu'il soit devenu chauve, bedonnant et Filloniste.

Peter Sagan, c'est la même chose dans le monde du vélo. C'est un Slovaque surdoué, tête à claques mais roi des sprints et des échappées. Aussi malin que costaud et qui arbore une paire d'yeux sublimes à faire tomber les Italiennes. Il en a d'ailleurs épousé une.

Hier, lors de la présentation des équipes devant la mairie de Düsseldorf, il a refait son numero d'irrévérence. A un pauvre journaliste lui demandant juste ses ambitions pour cette saison, il a répondu avec le sourire du loup devant la brebis (ou du candidat En Marche devant l'isoloir) : «elle est pourrie ta question, trouve-en une autre !»

J'étais juste derrière et j'ai souri. Parce que l'irrévérence est un bonheur rare. Et d'un coup, je me suis revu trois ans plus tôt à l'arrivée d'une étape à Briançon. Peter Sagan, leader du classement à points, venait de recevoir un nouveau maillot vert sur le podium. Passant devant la presse, il s'est arrêté quelques instants. Une journaliste chinoise, petite, moche et discrète (chinoise donc) lui demande en anglais «pourquoi êtes-vous si fort?» Sagan plante ses yeux dans les siens, attend quelques secondes et lâche cette phrase extra-terrestre : «Parce que j'ai des grosses couilles.» Je ne suis pas allé vérifier. Mais bizarrement, il n'y a pas de journaliste chinois sur le Tour cette année.

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[allezlesverts]

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